Porsche sous pression : près de 3 900 suppressions d’emplois en Allemagne

Porsche en difficulté : chute des ventes EV, marges à 6,5‑8,5 %, rappels de Taycan, 3 900 postes menacés d’ici 2029.

Porsche prépare un plan de réduction de près de 3 900 emplois en Allemagne d’ici 2029 pour s’adapter à un contexte économique et technologique rendu instable par la faiblesse des ventes de véhicules électriques et par des marges opérationnelles en forte contraction. Le constructeur anticipe un recul à 250 000 unités vendues en 2025, contre 311 000 l’an passé, principalement à cause d’une demande dégradée en Chine et d’une adoption plus lente que prévu de modèles électrifiés. Les marges devraient plonger à 6,5–8,5 %, contre 14 % en 2024, bien loin de l’objectif historique autour de 20 %. Ces difficultés sont aggravées par une douzaine de rappels sécuritaires liés au modèle Taycan, notamment un arrêt des ventes sur certaines séries touchées par un risque de surchauffe de batterie. Face à l’ampleur du déséquilibre, la direction a lancé des discussions avec le syndicat IG Metall sur un plan majeur de restructuration, incluant départs volontaires, préretraites dès 55 ans et suppression de contrats temporaires. Il s’agit d’un tournant stratégique majeur, car Porsche revient sur son objectif d’80 % d’électriques à l’horizon 2030, mis à mal par l’érosion de ses résultats.

Le contexte économique et commercial

Porsche enregistre un ralentissement global des ventes, avec une baisse de 6 % au premier semestre 2025 et une chute de 28 % en Chine, son second plus grand marché après les États-Unis. Le modèle Taycan présente une chute de 49 % en 2024, suivie d’un recul supplémentaire de 6 % début 2025. Le recalibrage du portefeuille produits se traduit par un investissement de 800 millions d’euros en 2025 pour développer des véhicules thermiques et hybrides.
Cette stratégie constitue un virage total : l’objectif initial de 80 % de ventes électriques en 2030 est abandonné, faute de performances commerciales assez solides pour compenser les marges réduites des modèles EV. La direction générale, via le CEO Oliver Blume, a averti que le « modèle économique qui nous a servis pendant des décennies ne fonctionne plus sous sa forme actuelle ». Même les livraisons en Amérique du Nord, actuellement stables, pourraient être impactées si les conditions tarifaires évoluent encore défavorablement.

Le plan social et ses modalités

La réduction annoncée de 3 900 postes dans les sites de Stuttgart-Zuffenhausen et Weissach d’ici à 2029 correspond à près de 10 % de l’effectif total de l’entreprise (environ 37 000 salariés).
Elle s’appuie principalement sur des mécanismes volontaires : départs à la préretraite dès 55 ans, rupture de contrats à durée déterminée non renouvelés (environ 2 000 contrats temporaires supprimés) et gel de nouvelles embauches.
Conformément à un accord avec IG Metall, aucune mise à pied directe ne sera possible d’ici 2030 ; seule l’acceptation volontaire est autorisée. La direction prévoit aussi la renégociation anticipée des contrats de certains membres du comité exécutif, comme le directeur financier et le responsable des ventes et marketing, pour renforcer la gouvernance interne et réduire les coûts de direction.

Porsche sous pression : près de 3 900 suppressions d’emplois en Allemagne

Impacts financiers et industriels

Les marges brutes vont fortement reculer : le taux opérationnel passera de 14,1 % en 2024 à 6,5–8,5 % en 2025. Les résultats sont mis sous pression non seulement par la baisse des ventes mais aussi par les frais liés aux rappels Taycan (plus de douze incidents recensés, certains liés à des risques de court-circuit dans les batteries).
Le groupe Volkswagen, maison-mère de Porsche, prévoit de réduire 35 000 postes dans toute l’Allemagne d’ici 2030, dont environ 750 000 véhicules de capacité de production seront supprimés pour optimiser l’automatisation et réduire les coûts salariaux.
Au-delà de sa reconversion produit, Porsche envisage d’ajuster son implantation : privilégier certains sites et réduire l’utilisation sur d’autres, face à un taux d’utilisation des usines tombé sous les 60 % en Europe de l’Ouest, comparé à 70 % en 2019.

Perspectives stratégiques et technologiques

Porsche revoit son orientation : le mix commercial évolue vers les modèles thermiques et hybrides, et les électriques ne resteront pas la priorité absolue. Les investissements massifs (800 millions d’euros en 2025) visent à soutenir cette transition productrice de marges plus solides.
Le constructeur renonce au pari d’un virage EV exclusif : il préfère maintenant s’adapter à un contexte volatil et ne s’engage plus sur l’atteinte d’un haut pourcentage de véhicules électrifiés à moyen terme.
La modernisation de la gouvernance confirme l’ampleur du tournant : quatre postes clés ont été renouvelés pour piloter les finances, les ventes, les ressources humaines et les achats. Cette réorganisation est présentée comme indispensable pour rendre la structure plus réactive aux contraintes du marché, notamment sur les segments premium à faible volume.