BMW recule de 25 % au T1 2025, plombé par la Chine et les taxes

BMW subit une baisse de 25 % de ses bénéfices au premier trimestre 2025, impacté par la concurrence chinoise et les droits de douane européens.

BMW a enregistré un bénéfice avant impôts de 3,1 milliards d’euros au premier trimestre 2025, soit une diminution de 25 % par rapport à la même période de l’année précédente. Cette baisse est principalement attribuée à une concurrence accrue sur le marché chinois et à l’impact des droits de douane imposés par l’Union européenne sur les véhicules électriques importés de Chine.

BMW recule de 25 % au T1 2025, plombé par la Chine et les taxes

L’impact des droits de douane européens sur les véhicules électriques

Depuis début 2025, l’Union européenne applique des droits de douane supplémentaires pouvant atteindre 35,3 % sur les véhicules électriques importés de Chine. Cette mesure vise à répondre à ce que Bruxelles considère comme une distorsion de concurrence liée aux subventions d’État accordées par Pékin à ses industriels. La Commission européenne a lancé une enquête antisubventions en 2023, et les premières conclusions ont conduit à des taxes provisoires dès janvier 2025, affectant directement les importations chinoises, y compris celles des groupes européens produisant en Chine.

BMW est concerné car certains de ses modèles électriques vendus en Europe sont produits dans son usine de Shenyang, en partenariat avec Brilliance China Automotive. Parmi ces modèles, on trouve des variantes du BMW iX3 et des berlines électriques de la gamme Série 3. Les véhicules produits sur place et exportés vers l’Union européenne sont désormais soumis à des droits supplémentaires, ce qui augmente les coûts logistiques et réduit les marges.

Selon les estimations internes évoquées par la direction de BMW, l’impact de ces droits de douane représente plusieurs centaines de millions d’euros de perte sur le trimestre. Le groupe évoque une charge estimée dans une fourchette basse à trois chiffres en millions d’euros, soit environ 100 à 300 millions d’euros, en fonction des volumes, des modèles concernés, et des taux appliqués sur chaque référence. À cela s’ajoutent les effets indirects : ralentissement des commandes, anticipation des hausses tarifaires par les distributeurs, et délais douaniers plus longs.

La concurrence chinoise sur le marché des véhicules électriques

Le marché automobile chinois, premier marché mondial en volume, est devenu un terrain difficile pour les marques occidentales. En particulier, le segment des véhicules électriques (VE) connaît une dynamique très concurrentielle, tirée par des acteurs nationaux bénéficiant à la fois d’un soutien politique, d’un écosystème de production optimisé, et d’une base locale de consommateurs technophiles.

Des groupes comme BYD, SAIC-GM-Wuling, Geely, Nio et Xpeng dominent le marché avec des produits compétitifs, intégrant des batteries LFP (lithium fer phosphate) à faible coût, des plateformes natives électriques, et des niveaux de connectivité avancés. BYD, principal concurrent local, a écoulé près de 300 000 véhicules électriques en Chine au premier trimestre 2025, soit une hausse de plus de 13 % sur un an.

Face à cela, BMW enregistre une baisse de 17,2 % de ses ventes en Chine au premier trimestre 2025, soit un recul de près de 58 000 véhicules sur une base annuelle équivalente. C’est la plus forte baisse trimestrielle enregistrée par le groupe depuis la pandémie. La marque, pourtant implantée localement depuis deux décennies, peine à maintenir ses volumes sur les segments des berlines compactes et SUV électriques.

Les consommateurs chinois privilégient désormais des modèles produits localement, dotés d’innovations en interface utilisateur, en conduite autonome partielle, ou en recharge rapide. Les prix agressifs et les services numériques (OTA, intégration WeChat, IA embarquée) accentuent la pression sur les marques étrangères, souvent perçues comme plus coûteuses, moins adaptables, et moins réactives aux tendances locales.

BMW recule de 25 % au T1 2025, plombé par la Chine et les taxes

Les perspectives pour BMW en 2025

Malgré ce contexte tendu, BMW conserve une prévision de bénéfice annuel stable par rapport à 2024, grâce à des mesures d’ajustement internes. Le constructeur prévoit notamment de réorienter une partie de sa production électrique destinée à l’Europe vers ses sites en Allemagne et en Hongrie, afin de contourner les pénalités douanières. L’usine de Debrecen, en cours de montée en charge, produira dès le second semestre 2025 des modèles électriques de la « Neue Klasse », plateforme conçue pour réduire les coûts et améliorer la rentabilité.

BMW anticipe également que certaines barrières douanières pourraient être partiellement levées à partir de juillet 2025, à l’issue de la phase de consultation ouverte par la Commission européenne et en fonction des négociations diplomatiques avec la Chine. Ce scénario est toutefois incertain.

Sur le plan commercial, la marque mise sur la progression continue de ses ventes de véhicules 100 % électriques, qui ont augmenté de 32 % au niveau mondial au premier trimestre 2025. Ce segment représente désormais 15,4 % des ventes totales de BMW, contre 10,7 % un an plus tôt. Le BMW i4, le iX1 et le i5 sont les principaux contributeurs de cette croissance, avec une forte demande en Europe du Nord, en Corée du Sud et aux États-Unis.

La stratégie de montée en gamme, combinée à l’investissement dans des batteries plus performantes (cellules cylindriques de nouvelle génération développées avec CATL), vise à compenser les pertes de volume par un meilleur rendement unitaire. Toutefois, la performance en Chine restera un facteur de risque central pour l’année, tant en termes de volumes que de marges.

BMW reste sous pression. Son adaptation structurelle aux tensions commerciales et à l’évolution rapide du marché chinois sera déterminante pour préserver ses équilibres économiques en 2025.

La situation de BMW illustre les défis auxquels sont confrontés les constructeurs automobiles européens dans un contexte de concurrence mondiale accrue et de tensions commerciales. La nécessité de s’adapter rapidement aux évolutions du marché et aux politiques commerciales devient cruciale pour maintenir la compétitivité.

BMW doit naviguer dans un environnement complexe, marqué par des pressions concurrentielles en Chine et des barrières commerciales en Europe. La capacité du constructeur à s’adapter à ces défis déterminera sa performance future sur le marché mondial de l’automobile.

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