Les marges des constructeurs automobiles face au défi électrique
Analyse détaillée de l’évolution des marges des constructeurs automobiles avec l’avènement des véhicules électriques.
La transition vers les véhicules électriques (VE) bouleverse profondément l’économie des constructeurs automobiles. Si certains acteurs parviennent à maintenir des marges bénéficiaires solides, d’autres peinent à rentabiliser leurs investissements. Cette analyse examine les facteurs influençant les marges des constructeurs automobiles dans le contexte de l’électrification croissante du parc automobile mondial.

Les marges des constructeurs automobiles traditionnels sous pression
La transition vers les véhicules électriques représente un défi majeur pour les constructeurs automobiles historiques. Le passage des moteurs à combustion interne aux motorisations électriques implique des investissements considérables en recherche et développement, en infrastructures de production et en formation du personnel.
Volkswagen, par exemple, a vu sa marge opérationnelle chuter de 6 % à 3,7 % en raison des coûts élevés liés à la production de VE et à la baisse des ventes en Europe et en Chine. Le constructeur allemand prévoit une marge d’exploitation de 5,5 % pour l’ensemble de l’année, bien en deçà de ses performances passées.
Honda, de son côté, anticipe une baisse de 59 % de son bénéfice d’exploitation pour l’exercice fiscal se terminant en mars 2026, en grande partie à cause des tarifs douaniers américains et des coûts liés à la transition vers l’électrique. Le constructeur japonais a également reporté de deux ans son projet de chaîne d’approvisionnement en VE au Canada.
BMW n’est pas épargné non plus, avec une baisse de 36 % de son bénéfice avant impôts en 2024, attribuée aux tensions commerciales mondiales et à une concurrence accrue en Chine. Le constructeur bavarois prévoit une marge automobile comprise entre 5 % et 7 % pour 2025, contre 6,3 % l’année précédente.
Ces exemples illustrent les difficultés rencontrées par les constructeurs traditionnels pour maintenir des marges bénéficiaires élevées dans un contexte de transition énergétique.
Les stratégies des constructeurs automobiles pour préserver leurs marges
Face à ces défis, les constructeurs automobiles adoptent diverses stratégies pour préserver leurs marges bénéficiaires.
Jaguar Land Rover (JLR), propriété de Tata Motors, a réussi à enregistrer un bénéfice avant impôts de 2,5 milliards de livres sterling pour l’exercice 2024-2025, son plus haut niveau en une décennie. Cette performance est attribuée à une amélioration des marges opérationnelles et à une stratégie axée sur les véhicules électriques haut de gamme, comme le Range Rover électrique et le modèle Jaguar Type 00.
Tesla, bien que confrontée à une baisse de ses bénéfices de plus de 40 % au deuxième trimestre 2024, maintient une marge bénéficiaire brute de 7,24 %, soit environ 3 801 euros par véhicule vendu. Cette performance est soutenue par une intégration verticale poussée et une maîtrise des coûts de production.
BYD, le principal concurrent chinois de Tesla, affiche une marge bénéficiaire brute de 6,4 %, grâce à une production à grande échelle et à une intégration verticale de sa chaîne d’approvisionnement. Le constructeur chinois réalise environ 14 300 euros de bénéfice par modèle Seal U vendu en Europe, contre 1 300 euros pour le même modèle en Chine.
Ces stratégies montrent que l’innovation, l’efficacité opérationnelle et le positionnement sur des segments de marché spécifiques sont essentiels pour maintenir des marges bénéficiaires dans le contexte actuel.

Les perspectives d’évolution des marges dans l’industrie automobile
L’évolution des marges des constructeurs automobiles dépendra de plusieurs facteurs dans les années à venir.
La baisse des coûts des batteries, qui représentent une part significative du coût de production des VE, pourrait améliorer les marges bénéficiaires. Selon une étude de Bloomberg New Energy Finance, le prix moyen des batteries lithium-ion a diminué de 13 % en 2020, et cette tendance devrait se poursuivre.
La consolidation du marché des VE, avec la disparition ou l’acquisition de certains acteurs, pourrait également réduire la concurrence et permettre une stabilisation des prix, favorisant ainsi les marges.
Enfin, l’adoption de modèles économiques alternatifs, tels que les services de mobilité ou les abonnements, pourrait offrir de nouvelles sources de revenus aux constructeurs automobiles, compensant la baisse des marges sur la vente de véhicules.
Cependant, ces perspectives restent incertaines et dépendront de l’évolution des politiques publiques, des préférences des consommateurs et des avancées technologiques.
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