Hyundai veut s’imposer en Europe grâce à l’essor des véhicules chinois
Hyundai compte sur la transition vers l’électrique et la percée chinoise en Europe pour élargir sa part de marché et envisager une troisième usine.
Le constructeur sud-coréen Hyundai cherche à étendre sa part de marché en Europe en misant sur la montée en puissance des véhicules électriques chinois et sur la volatilité des consommateurs face aux nouvelles marques. Fort de son expansion réussie aux États-Unis, le groupe envisage une troisième usine en Europe. Hyundai espère doubler ses ventes de véhicules électriques en 2025 grâce à des lancements ciblés, dont un modèle à moins de 25 000 euros. La stratégie repose sur une capacité à réagir à la concurrence chinoise tout en misant sur une production locale et un développement en interne de composants pour gagner en agilité. L’enjeu est également de renforcer le service après-vente et de tirer parti de l’analyse des données pour fidéliser les clients.
Une stratégie opportuniste face à la percée des véhicules chinois
Le constructeur Hyundai, accompagné de sa marque sœur Kia, entend profiter indirectement de la progression des marques chinoises en Europe pour capter une clientèle de plus en plus encline à changer de constructeur à l’ère du véhicule électrique. En capitalisant sur cette tendance, Hyundai espère accélérer sa croissance sur le marché européen.
En effet, selon les déclarations de Xavier Martinet, nouveau responsable de la zone Europe, l’objectif est de ne pas subir la concurrence chinoise mais d’en tirer avantage. Il souligne que les acheteurs de véhicules électriques sont aujourd’hui moins fidèles aux marques traditionnelles, ce qui ouvre une fenêtre d’opportunité à Hyundai pour séduire de nouveaux clients.
Sur le terrain, les chiffres traduisent déjà cette dynamique : Hyundai et Kia détenaient en 2024 8,4 % de part de marché des véhicules électriques en Europe, devançant Tesla (7,9 %) mais restant derrière le groupe Volkswagen (28 %) et BMW (10 %) selon Schmidt Automotive Research. Cette position intermédiaire conforte l’entreprise dans sa stratégie : elle n’est ni en tête, ni marginale, et peut jouer un rôle moteur dans les réallocations de parts de marché provoquées par la concurrence chinoise.
Un modèle américain comme référence à reproduire
Le parcours de Hyundai aux États-Unis sert désormais de modèle stratégique. Devenue une marque dominante sur le marché nord-américain, en particulier dans l’électrique, elle s’est hissée à la deuxième place derrière Tesla en 2023 et 2024 en volume de ventes. Le constructeur a investi 7,6 milliards de dollars (environ 7,1 milliards d’euros) dans une nouvelle usine électrique en Géorgie, capable de produire jusqu’à 500 000 véhicules par an.
Ce succès repose sur une montée en gamme, une accélération industrielle, et une politique de localisation de la production. Martinet rappelle que Hyundai a réussi à se positionner comme un acteur leader sur ce marché compétitif. En Europe, le constructeur veut maintenant transposer cette réussite, avec pour axe majeur l’adaptation produit-localisation industrielle, c’est-à-dire concevoir et assembler des modèles spécifiquement pensés pour le marché européen.
Une offensive produit structurée et des prix compétitifs
Pour renforcer son implantation en Europe, Hyundai prévoit de doubler ses ventes de véhicules électriques en 2025, en misant sur des lancements ciblés et accessibles. Parmi eux :
- Le modèle Inster, un petit véhicule électrique annoncé à moins de 25 000 euros, soit un prix très compétitif par rapport à la moyenne du segment en Europe.
- Le SUV électrique Ioniq 9, un modèle trois rangées destiné aux familles, qui vise un segment actuellement peu occupé en électrique.
Cette offensive vise à toucher une clientèle large, allant des jeunes actifs aux familles, tout en s’alignant sur la pression tarifaire exercée par les marques chinoises comme BYD ou Chery, déjà présentes avec des prix agressifs.
À titre d’exemple, BYD détient déjà 3,1 % de part de marché des véhicules électriques en Europe, avec des modèles comme la Dolphin et la Seal, vendus entre 30 000 et 36 000 euros. Hyundai tente donc de se positionner légèrement en-dessous, tout en misant sur la perception de qualité sud-coréenne.

Une concurrence intense sur tous les fronts
Malgré cette dynamique, Hyundai n’échappe pas à la pression concurrentielle croissante, notamment dans son marché domestique sud-coréen où ses modèles électriques sont désormais devancés par BYD et Tesla. Cette perte d’ancrage national constitue un signal d’alerte pour le constructeur, d’autant plus que la même dynamique pourrait s’amplifier en Europe.
Entre janvier et mai 2025, les immatriculations de Hyundai et Kia ont chuté de 3,5 % sur le marché européen selon les données de l’ACEA. Cette tendance montre que malgré une politique produit ambitieuse, l’entreprise doit encore améliorer sa compétitivité globale.
Martinet ne cache pas ces difficultés mais affirme que Hyundai est mieux préparé que d’autres groupes historiques à affronter la pression chinoise, car plus jeune, plus agile et plus orienté vers l’électrique dès sa phase d’expansion.
Une vision industrielle européenne à moyen terme
Pour répondre aux enjeux de compétitivité et de délai, Hyundai envisage une troisième usine en Europe, en complément de ses sites actuels en République tchèque et en Turquie. Ces deux usines produisent actuellement des modèles thermiques et hybrides, mais leur capacité pourrait être reconvertie ou étendue pour intégrer des lignes de production 100 % électriques.
Martinet précise que le groupe souhaite s’inscrire dans une logique locale : concevoir les véhicules en Europe, les produire en Europe, et les vendre en Europe. Cette stratégie vise à :
- Réduire les délais de livraison et les coûts logistiques
- Adapter plus rapidement les modèles aux préférences locales
- Minimiser les risques géopolitiques et douaniers
Cette approche pourrait aussi être facilitée par le développement en interne de composants clés, ce qui permettrait à Hyundai de réduire sa dépendance aux fournisseurs chinois, en particulier pour les batteries et l’électronique embarquée.
L’après-vente et les données comme levier de fidélisation
Un autre axe clé de la stratégie européenne de Hyundai est l’amélioration du service après-vente, un domaine où les marques asiatiques sont parfois jugées en retrait par rapport aux constructeurs historiques allemands et français.
L’objectif est de mieux exploiter les données issues des véhicules connectés pour anticiper les pannes, personnaliser l’entretien, et renforcer la satisfaction client. Cette approche s’aligne sur une tendance structurelle du secteur : l’entretien et les services connectés deviennent des éléments différenciateurs dans un marché où les performances techniques tendent à converger.
Perspectives et conditions de réussite pour Hyundai
Pour Hyundai, le potentiel de croissance en Europe reste important, mais il dépend de plusieurs conditions cumulatives :
- Accélérer l’industrialisation électrique locale pour éviter les coûts d’importation.
- Maintenir une politique tarifaire offensive sans sacrifier les marges.
- Innover sur les usages, notamment en services connectés.
- Gagner en reconnaissance de marque dans des marchés comme l’Allemagne ou la France où la préférence nationale reste forte.
Si ces conditions sont remplies, Hyundai pourrait consolider son statut d’acteur central dans le paysage électrique européen.
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