Fusion McLaren–Forseven : 500 suppressions d’emplois

La nouvelle McLaren Group supprime 500 postes trois mois après fusion, tout en créant 300 emplois dans son plan stratégique.

La fusion entre McLaren Automotive et la start‑up électrique britannique Forseven, actée en avril 2025 sous l’égide de l’investisseur Abu Dhabi CYVN Holdings, a conduit à la création de McLaren Group Holdings. Cette nouvelle entité dirigée par Nick Collins, ancien CEO de Forseven, se donne pour mission de développer une gamme élargie de véhicules, incluant SUV et modèles électriques haut de gamme. Mais seulement trois mois après l’opération, un processus de réduction de personnel a été engagé. Environ 500 postes sont visés au sein de l’organisation, notamment dans les départements design, ingénierie, IT, juridique et ressources humaines sur plusieurs sites au Royaume‑Uni : Woking, Bicester, Leamington et Surrey. Ce mouvement intervient dans le cadre d’un plan d’optimisation des coûts et de rationalisation des fonctions redondantes entre les deux structures fusionnées. Dans le même temps, 300 nouveaux emplois créés viendront renforcer certains domaines stratégiques. Cette réorganisation reflète les tensions entre aspiration à la croissance technologique et exigence de rentabilité immédiate. Elle interroge la capacité du groupe à intégrer rapidement deux cultures d’entreprise tout en préservant agilité et efficacité, sans compromettre son ambition de conquérir de nouveaux segments du marché automobile de luxe.

Le contexte de la fusion et ses enjeux

La fusion officielle a été annoncée le 3 avril 2025 après qu’CYVN Holdings a acquis McLaren Automotive et détenait déjà Forseven. Le nouveau groupe est né avec l’ambition d’élargir l’offre au-delà des supercars traditionnelles vers des SUV et véhicules électriques de prestige. Forseven, créée en 2022, avait recruté plus de 700 personnes en “stealth mode” pour développer des modèles électriques avec un investissement de plusieurs dizaines de millions de livres, dont une perte enregistrée de 38 millions de livres sterling dans ses comptes précédents.
Nick Collins, issu de Jaguar Land Rover et CEO de Forseven, prend la direction de McLaren Group Holdings, tandis que Jassem Al Zaabi, président de CYVN, devient président du groupe. Ce changement de gouvernance s’accompagne de l’objectif de se positionner face à des concurrents tels que Ferrari, Lamborghini, Aston Martin, Bentley, et Porsche.
Le contexte est également marqué par des difficultés financières cantonales : McLaren affichait des pertes sur cinq exercices consécutifs, en particulier suite à la pandémie et à une baisse des ventes, ce qui a accéléré le besoin d’un redressement rapide.

Le plan de suppression des postes et ses modalités

La consultation auprès des salariés commence sur une base volontaire, touchant jusqu’à 500 emplois potentiellement supprimés sur les 2 500 salariés du groupe intégré. La cible principale : postes redondants dans le design, l’ingénierie, l’IT, le juridique et les ressources humaines car les deux entités fusionnées recouvrent des fonctions similaires. Les installations concernées incluent les sites de Woking (siège historique), Bicester, Leamington et Surrey.
Les suppressions s’inscrivent dans un projet de réalignement structurel destiné à éliminer les doublons et renforcer l’agilité : McLaren souhaite ainsi rationaliser son empreinte opérationnelle sans fermeture immédiate de site, mais une restructuration progressive est envisagée.
L’entreprise met en avant un accompagnement pour les salariés impactés : offres de reclassement interne ou soutien à la reconversion. Par ailleurs, 300 emplois supplémentaires seront créés, notamment dans des équipes R\&D et produit pour piloter les nouveaux développements technologiques et élargir la gamme.

MCLAREN

Impacts opérationnels et défis stratégiques

Ce réaménagement survient à très bref délai après la fusion, révélant une pression forte sur les marges dès le démarrage. Le groupe doit améliorer ses performances à court terme tout en préparant une montée en puissance technologique. Le départ du CEO Michael Leiters, remplacé immédiatement par Nick Collins, marque le symbole d’une bascule stratégique : la nouvelle direction veut concentrer les efforts sur l’efficacité et la création de valeur tout en intégrant de nouvelles compétences EV et SUV.
La consolidation des savoir-faire de McLaren en supercars et ceux de Forseven en innovation électrique permettrait de produire des modèles à propulsion mixte (thermique, hybride, électrique) selon les marchés et segments. Le partenariat technologique avec Nio, ainsi que l’accès à l’iStream de Gordon Murray Technologies, visent à optimiser le poids des véhicules et réduire les coûts de production tout en gardant une performance premium.

Perspectives et leviers de redressement

La suppression de postes représente une économie sur les frais de structure, mais le challenge majeur est de pérenniser le repositionnement de marque. McLaren vise désormais une offre élargie incluant SUV et EV de luxe, capables de rivaliser avec les modèles Cayenne (Porsche), Urus (Lamborghini) ou Purosangue (Ferrari).
La stratégie repose sur trois leviers principaux : rationalisation des fonctions, accélération de l’innovation, alignement opérationnel renforcée. Le plan inclut le maintien de tous les sites à court terme, mais une réévaluation des implantations est prévue au fil de l’intégration.
Un enjeu clé : réussir la transition sans perdre le socle historique de McLaren en supercars, tout en accueillant une culture start‑up Forseven. L’ajout de 300 nouveaux postes dans des segments stratégiques reflète cette aspiration. Les performances seront à mesure des investissements de CYVN, tant sur le plan technologique que commercial.

LES PLUS BELLES VOITURES, votre magazine voiture en toute indépendance.