BYD attaque les subventions britanniques sur les voitures électriques chinoises

Le constructeur chinois BYD critique le programme d’aides du Royaume-Uni qui exclut les véhicules chinois, tout en poursuivant sa croissance européenne.

Le constructeur automobile chinois BYD a sévèrement critiqué le nouveau dispositif d’aides du gouvernement britannique en faveur des voitures électriques. Ce programme, d’un montant de 770 millions d’euros, accorde jusqu’à 4 400 euros de rabais par véhicule, mais exclut de facto les véhicules produits en Chine. BYD estime que cette mesure, qualifiée de protectionniste, est contre-productive et ne nuira pas à ses ventes. L’entreprise prévoit au contraire de créer 5 000 emplois au Royaume-Uni, via l’ouverture de 280 concessions. En parallèle, elle étend sa présence industrielle en Hongrie et en Turquie. L’offensive commerciale chinoise dans le secteur de l’électrique inquiète les constructeurs européens, confrontés à un différentiel de coûts difficile à combler. La réaction du Royaume-Uni, bien que moins directe que les droits de douane de l’Union européenne, révèle les tensions croissantes sur le marché européen de l’automobile.

Un système d’aide excluant les voitures chinoises

Le gouvernement britannique a lancé en juillet 2025 un programme de subventions destiné à relancer la demande de voitures électriques tout en réduisant la pénétration des marques chinoises. D’un budget de 770 millions d’euros, ce mécanisme accorde une aide pouvant aller jusqu’à 4 400 euros par véhicule, pour les modèles considérés comme les plus performants en matière d’émissions. Le plafond de prix est fixé à 43 500 euros.

Toutefois, le critère d’éligibilité repose sur l’analyse des émissions du mix électrique dans les pays intervenant dans la chaîne de production, ce qui exclut de fait la plupart des véhicules fabriqués en Chine. L’intention est claire : freiner l’importation des modèles chinois à bas coût, sans recourir officiellement à des droits de douane.

Le constructeur BYD, leader chinois du secteur, a dénoncé une approche jugée inefficace et périlleuse pour le marché. Selon Stella Li, vice-présidente exécutive du groupe, ce type de subvention créerait une dépendance artificielle, comparable à une « drogue » pour le marché, qui s’effondrerait dès la suppression du soutien.

Cette critique traduit une fracture entre une stratégie protectionniste et une vision basée sur la compétitivité mondiale, alors que les marques chinoises avancent rapidement en Europe avec des modèles technologiquement avancés et financièrement accessibles.

BYD

Une stratégie d’expansion agressive en Europe

BYD ne semble pas freiner ses ambitions malgré les mesures britanniques. L’entreprise prévoit de créer 5 000 emplois au Royaume-Uni d’ici fin 2026, principalement via 280 concessions exclusives qui emploieront en moyenne 20 salariés chacune. Cela représente un investissement massif dans le réseau de distribution, sans recourir à des partenaires multimarques.

À l’échelle européenne, BYD annonce l’ouverture de 2 000 points de vente, et appuie son expansion industrielle sur deux sites clés : la Hongrie, où une usine d’assemblage doit produire 150 000 véhicules par an, et la Turquie, en cours de négociation. Cette implantation locale a deux objectifs : réduire les coûts logistiques et éviter les barrières douanières, notamment celles de l’Union européenne qui impose désormais des droits pouvant atteindre 45 % sur certains véhicules chinois.

En parallèle, d’autres marques comme Leapmotor — soutenue par Stellantis — ont déjà adapté leur politique tarifaire pour capter la clientèle britannique : l’un de leurs modèles est actuellement le moins cher du marché, à un prix situé autour de 17 000 euros.

Ce réalignement des prix confirme que les constructeurs chinois disposent d’une flexibilité de marge bien supérieure à celle de leurs homologues européens, grâce à une chaîne de production intégrée et des coûts de fabrication inférieurs de l’ordre de 20 à 30 %.

Des tensions croissantes avec l’industrie automobile européenne

La progression rapide des marques chinoises dans le secteur de l’électrique génère des tensions politiques et industrielles en Europe. Selon les données de Schmidt Automotive Research, la part de marché cumulée des constructeurs chinois atteint désormais 5 % dans l’Union européenne et au Royaume-Uni. Cette croissance est perçue comme une menace directe par les acteurs historiques du continent.

Les dirigeants européens redoutent une concurrence déséquilibrée, où les marques chinoises peuvent absorber les taxes, baisser leurs prix et maintenir leurs marges, en raison de leur structure de coûts favorable. L’industrie européenne, à l’inverse, souffre d’une complexité réglementaire, d’une inflation des coûts énergétiques et d’une fragmentation de la production.

En France, Renault et Stellantis ont déjà averti sur la nécessité de mesures correctives, tandis qu’en Allemagne, Volkswagen craint de voir certains segments, comme les citadines électriques, totalement envahis par des modèles chinois à bas prix.

Le Royaume-Uni, bien qu’ayant choisi de ne pas imposer de droits de douane, tente donc de limiter l’accès au marché via des critères environnementaux ciblés. Cette approche soulève des critiques diplomatiques : l’ambassade chinoise à Londres a dénoncé une politique « exclusive et protectionniste », appelant à une coopération commerciale ouverte.

Une réponse commerciale renforcée par l’image et le sponsoring

BYD complète sa stratégie de distribution et de production par une politique de marque agressive. Le groupe a signé un partenariat avec le club de football Inter Milan, incluant le marquage sur les maillots et la mise à disposition de 70 véhicules pour les dirigeants. Ce type d’initiative vise à accroître la notoriété en Europe auprès d’un public large.

La volonté est claire : associer l’image de BYD à la technologie, à la performance et à l’accessibilité, afin de concurrencer frontalement des marques comme Tesla, Volkswagen ou Peugeot sur des marchés très concurrentiels. À terme, le constructeur espère devenir une référence identifiée en quelques années, y compris dans des marchés historiquement fermés aux marques asiatiques.

Les efforts en marketing s’inscrivent dans une logique offensive de conquête de clientèle : BYD souhaite que son nom évoque l’innovation, mais sans chercher à se positionner sur des segments premium. Le volume reste la priorité.

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