GM subit une chute de 32 % de ses profits à cause des tarifs douaniers

Les profits de General Motors chutent malgré une hausse des ventes de véhicules électriques, en raison des coûts liés aux droits de douane américains.

General Motors a vu ses bénéfices fondre au deuxième trimestre 2025 sous l’effet direct des taxes douanières américaines imposées par l’administration Trump. Malgré une hausse de 111 % des ventes de véhicules électriques et une reprise en Chine, le constructeur a enregistré une baisse de 32 % de son résultat opérationnel ajusté, qui s’établit à 2,75 milliards d’euros. En cause : 1 milliard d’euros de frais liés aux droits de douane, principalement sur des véhicules fabriqués au Mexique, au Canada et en Corée du Sud. Cette pression tarifaire pèse également sur le flux de trésorerie et freine la rentabilité des activités automobiles. Face à cela, GM investit 3,7 milliards d’euros dans ses usines américaines, tout en maintenant une stratégie prudente sur l’électrification. Le constructeur anticipe une baisse progressive de ses coûts douaniers grâce à des ajustements de production et des accords bilatéraux.

Une chute du bénéfice opérationnel malgré un chiffre d’affaires stable

General Motors a enregistré 47 milliards de dollars de chiffre d’affaires au deuxième trimestre 2025, soit environ 43,3 milliards d’euros, en légère baisse de 1,8 % par rapport à l’année précédente. Pourtant, le bénéfice opérationnel ajusté a chuté de 32 %, passant de 4,4 milliards à 3 milliards de dollars (environ 2,75 milliards d’euros). Ce recul est directement attribuable aux surcoûts induits par les droits de douane imposés par les États-Unis sur les véhicules produits à l’étranger.

Le constructeur reste très dépendant de ses sites de production à l’étranger. Une part importante de ses modèles vendus sur le marché nord-américain est fabriquée au Mexique, au Canada et en Corée du Sud. Or, ces usines sont directement concernées par la taxe de 25 % appliquée par Washington. Résultat : GM a dû absorber 1,1 milliard de dollars (environ 1 milliard d’euros) de frais douaniers entre avril et juin 2025.

Ces charges pèsent également sur la rentabilité nette du groupe et ont fait chuter la trésorerie disponible ajustée liée à l’activité automobile de 47 % en trois mois. Malgré tout, le bénéfice est légèrement supérieur aux estimations des analystes, preuve que GM reste capable de contenir partiellement ces surcoûts dans un environnement incertain.

Une pression tarifaire qui touche tout le secteur automobile mondial

La situation de GM n’est pas isolée. Le secteur automobile global subit les conséquences de la politique commerciale américaine. Le constructeur européen Stellantis a annoncé une perte nette de 2,3 milliards d’euros au premier semestre, notamment en raison de ces barrières tarifaires. Volvo Cars, de son côté, a affiché sa première perte opérationnelle depuis son introduction en bourse en 2021.

Les mesures protectionnistes affectent particulièrement les groupes ayant une production mondiale fragmentée, comme GM. Alors que le constructeur a historiquement optimisé ses coûts grâce à des sites implantés à l’étranger, il se trouve désormais en difficulté pour absorber les hausses soudaines de droits d’entrée sur le sol américain.

Le directeur financier de GM, Paul Jacobson, reste toutefois optimiste. Il prévoit une baisse progressive des coûts liés aux droits de douane à mesure que de nouveaux accords bilatéraux seront mis en place et que des ajustements de production seront réalisés. Néanmoins, dans l’immédiat, ces charges compressent fortement les marges, en particulier dans un contexte de transformation vers le véhicule électrique où les investissements sont lourds et les rendements encore incertains.

General Motors

Une accélération des ventes de véhicules électriques malgré la politique américaine

Un des rares points positifs du trimestre pour GM concerne les véhicules électriques (EV). Les ventes ont atteint 46 280 unités, en hausse de 111 % par rapport à 2024. Cela représente une progression significative, alors même que la dynamique globale du marché américain des EV ralentit depuis la fin des incitations fiscales fédérales décidée par l’administration Trump.

La part de marché de GM dans le segment EV aux États-Unis est désormais de 16 %, ce qui en fait un acteur majeur derrière Tesla. Cette croissance repose en partie sur une gamme plus compétitive, mais aussi sur les investissements dans la chaîne d’approvisionnement en batteries en Amérique du Nord. Le constructeur cherche à sécuriser des approvisionnements moins dépendants de l’Asie et à limiter l’impact des politiques douanières.

Toutefois, les marges sur les EV restent faibles et GM n’a pas encore atteint la rentabilité véhicule par véhicule. La directrice générale, Mary Barra, a confirmé que l’objectif reste d’atteindre l’équilibre pour chaque modèle électrique lancé, mais sans calendrier précis. Cela suppose de nouvelles économies d’échelle, une réduction des coûts de production et une montée en gamme progressive.

Une relance prudente de la production aux États-Unis pour contrer les taxes

Pour réduire son exposition aux droits de douane, GM a annoncé un plan d’investissement de 4 milliards de dollars (soit 3,7 milliards d’euros) dans ses usines d’assemblage aux États-Unis. Ce programme vise à ajouter 300 000 unités de capacité de production supplémentaires d’ici à 2027. Ce choix stratégique pourrait permettre à GM de recentrer une part significative de sa fabrication sur le territoire national et d’éviter les surtaxes imposées aux importations.

Cette décision ne se limite pas à une réponse aux taxes. Elle s’inscrit aussi dans une volonté plus large d’ancrer la production des véhicules électriques sur le sol américain, afin de bénéficier de futurs dispositifs de soutien fédéral, ou de nouveaux crédits d’impôt pour l’achat de véhicules « made in USA ».

À court terme, cette relocalisation nécessite des dépenses importantes en infrastructures, équipements et formation. Mais à moyen terme, elle pourrait améliorer la résilience industrielle de GM face aux tensions géopolitiques et à l’instabilité réglementaire.

En maintenant sa prévision annuelle de résultat opérationnel ajusté entre 9,2 et 11,5 milliards d’euros, GM tente de rassurer ses investisseurs. Toutefois, l’incertitude demeure tant que les tensions commerciales ne se résorbent pas et que la rentabilité des véhicules électriques n’est pas atteinte.

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