Stellantis parie sur l’essence pour tirer parti de la campagne anti‑VE de Trump
Stellantis mise sur les voitures essence et hybrides aux États‑Unis face au recul des VE soutenu par Trump.
Stellantis adopte une stratégie axée sur les véhicules essence et hybrides aux États‑Unis. Face à la politique anti‑véhicules électriques (VE) de Donald Trump, le constructeur dirigé par Antonio Filosa estime que les voitures à moteur thermique offrent des marges plus élevées et répondent mieux à la demande actuelle. Cette décision intervient après un premier semestre 2025 marqué par une perte nette de 2,3 milliards d’euros, une chute de 13 % du chiffre d’affaires à 74,3 milliards d’euros et un impact des droits de douane de 300 millions d’euros sur la période . Le groupe prévoit un impact total des tarifs de 1,5 milliard d’euros pour l’année, dont 1,2 milliard au second semestre .
Le plan consiste à offrir plus de modèles essence et hybrides, capitalisant sur l’abandon par Trump des sanctions pour non‑respect des normes d’efficacité énergétique. Selon Filosa, cette approche génèrera plus de profits et des volumes de vente alignés sur les attentes clients . Parmi les actions concrètes figure le retour du moteur Hemi V8 dans les pick‑ups Ram, abandonné par l’ancienne direction, mais jugé très demandé par les concessionnaires et clients .
Ce choix stratégique se situe dans un contexte où Stellantis doit combiner objectifs d’électrification – 100 % VE en Europe et 50 % aux États‑Unis d’ici 2030 – et réalités commerciales dans un marché du VE qui marque le pas . La lecture des mois à venir dépendra de l’évolution de la politique états‑unienne et de la capacité du groupe à équilibrer rentabilité, acceptation client et régulations durables.
La réponse de Stellantis à la politique anti‑VE de Trump
Stellantis justifie l’élargissement de son offre thermique par un alignement direct avec l’orientation politique de Donald Trump. Celui‑ci a supprimé les sanctions pour les constructeurs ne respectant pas les normes sévères d’efficacité énergétique promues par l’administration précédente, supprimant ainsi un frein à la vente de véhicules essence ou hybrides. Pour Stellantis, cela signifie un environnement légal moins hostile aux motorisations à combustion, ouvrant la voie à une rentabilité améliorée.
Le PDG Antonio Filosa insiste sur le fait que la demande client aux États‑Unis se tourne vers des véhicules plus abordables, plus puissants, et souvent à moteur thermique. En reprenant des modèles emblématiques comme le Jeep Cherokee ou le Ram Charger avec moteur Hemi V8, le groupe répond à une attente forte du marché . Ces modèles représentent une part significative de la vente de véhicules à propulsion thermique et sont plus profitables que les VE, dont la rentabilité reste fragile en l’absence de crédits et d’incitations.
Sur le plan commercial, Stellantis souligne que 58 % des véhicules vendus aux États‑Unis sont assemblés sur place, et que 95 % des unités importées proviennent du Mexique ou du Canada, respectant l’accord USMCA . Cela lui permet d’atténuer partiellement l’impact des tarifs de 25 % sur les véhicules étrangers, tout en ajustant la stratégie produit vers des segments plus traditionnels mais profitables.
Enfin, cette évolution répond à une forte pression financière : au cours du premier semestre 2025, Stellantis a encaissé une perte de 2,3 milliards d’euros, avec une trésorerie consommée de 3 milliards, engendrée notamment par les restructurations et l’abandon de projets VE coûteux . Face à ce contexte, l’accent mis sur l’essence constitue un levier opérationnel jugé plus fiable que l’électrification immédiatement rentable.

Équilibrer électrification à long terme et valorisation immédiate
Cette orientation thermique ne signifie pas un renoncement à l’électrification. Stellantis conserve ses objectifs pour 2030 : une gamme 100 % VE en Europe et 50 % aux États‑Unis. Mais l’entreprise revoit son tempo : elle renforce sa gamme d’hybrides en complément des véhicules électriques à batterie (BEV), afin de réduire les coûts unitaires tout en restant conforme aux futures législations .
En parallèle, Stellantis a constitué une joint‑venture avec Leapmotor, un constructeur chinois, pour distribuer des VE bon marché hors Chine . Ce partenariat lui permet d’élargir son offre VE à moindre coût, tout en conservant une forte présence sur les moteurs essence et hybrides dans un marché américain plus traditionnel.
La direction européenne du groupe a néanmoins alerté sur les risques liés aux normes CO₂ de l’Union, menaçant de 2,5 milliards d’euros de pénalités si les objectifs de 2025‑2027 ne sont pas atteints . Dans ce cadre, Stellantis pourrait être contrainte à fermetures d’usines essence ou à une accélération de la transition électrique pour éviter des sanctions. Il s’agit donc d’un équilibre fin entre marges immédiates et conformité à long terme.
Une manœuvre tactique à double tranchant
La stratégie de Stellantis présente des avantages clairs : adaptation rapide à la demande américaine, meilleure rentabilité sur les modèles thermiques, réduction de l’impact fiscal des droits de douane. L’alignement avec la politique protectionniste de Trump permet une marge supérieure sur les modèles essence et hybrides, sans fauter sur les exigences du marché.
Cependant, cette approche comporte un risque stratégique : une trop grande dépendance à l’essence pourrait compromettre la transition écologique sur le long terme. Si les réglementations européennes se durcissent, le groupe pourrait se retrouver pris entre une conformité coûteuse et une offre VE encore insuffisamment rentable.
Le nouveau CEO Antonio Filosa doit donc manœuvrer entre deux priorités : récupérer rapidement des performances financières tout en maintenant l’investissement dans un mix énergétique durable. Chacune de ses décisions sera scrutée par les investisseurs, les régulateurs et les concessionnaires. Le succès dépendra de sa capacité à réconcilier pression commerciale immédiate et objectifs de durabilité globale .
Stellantis mise aujourd’hui sur l’essence pour répondre à la stratégie Trumpienne anti‑VE, tout en gardant un pied dans l’électrification hybride et électrique pour jouer sur les deux tableaux et préserver ses ambitions à long terme.
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