Les voitures emblématiques du designer William Towns

Conception automobile : les modèles marquants de William Towns, entre innovation et design angulaire

William Towns (1936–1993) a marqué l’histoire du design automobile britannique par ses créations audacieuses et avant-gardistes. Son approche, caractérisée par des lignes angulaires et une esthétique futuriste, a donné naissance à des véhicules emblématiques tels que l’Aston Martin Lagonda et la Hustler. En combinant fonctionnalité et innovation, Towns a su répondre aux défis techniques de son époque tout en influençant durablement le design automobile. Cet article explore sa biographie, sa philosophie de design, ses modèles les plus significatifs et l’impact de son héritage sur l’industrie automobile.

Biographie de William Towns

Né en 1936, William Towns débute sa carrière chez Rootes en 1954, où il travaille principalement sur des éléments intérieurs tels que les poignées de porte. En 1963, il rejoint Rover et contribue à la conception de la Rover-BRM à turbine à gaz, destinée aux 24 Heures du Mans. En 1966, il intègre Aston Martin en tant que designer d’intérieur, mais son talent le propulse rapidement à la tête du design extérieur, notamment pour l’Aston Martin DBS lancée en 1967. Towns quitte Aston Martin après la conception de la Lagonda Série 2 en 1976, mais continue à collaborer avec la marque en tant que designer indépendant, notamment pour la Lagonda Série 4 en 1987. Il fonde également son propre studio, Interstyl, où il développe des projets innovants tels que la Hustler. William Towns décède en 1993 à Moreton-in-Marsh.

Historique et philosophie du design de William Towns

La philosophie de William Towns repose sur une approche fonctionnelle et pragmatique du design, privilégiant les lignes droites et les formes géométriques. Son style, souvent qualifié de « pliage de papier », se caractérise par des surfaces planes et des angles marqués, conférant à ses véhicules une esthétique futuriste. Towns s’intéresse également à l’intégration de technologies avancées, comme en témoigne l’utilisation d’instruments numériques dans la Lagonda Série 2. Il cherche à repousser les limites du design conventionnel, tout en répondant aux contraintes techniques et économiques de l’industrie automobile.

Les voitures marquantes de William Towns

William Towns a conçu une série de véhicules qui reflètent son approche rationnelle du design automobile. En alliant géométrie rigoureuse, fonctionnalité et anticipation technologique, il a marqué plusieurs segments du marché, de la voiture de luxe à la microvoiture urbaine. Voici six modèles majeurs, chacun illustrant un aspect fondamental de sa vision.

Aston Martin DBS (1967)

L’Aston Martin DBS est présentée en 1967 comme successeur de la DB6, mais elle introduit une rupture nette dans le langage stylistique de la marque. William Towns conçoit une carrosserie plus large, aux lignes tendues et aux volumes plus rectangulaires. La face avant abandonne les courbes classiques pour une calandre plus horizontale, soulignée par quatre phares encastrés.

Le véhicule est d’abord équipé d’un moteur six cylindres en ligne de 4 litres, puis, à partir de 1969, d’un V8 de 5,3 litres développant 283 ch (211 kW), permettant une vitesse de pointe d’environ 225 km/h. Ce moteur donne naissance à la DBS V8, l’une des plus puissantes Aston Martin de son époque. Son châssis semi-monocoque est un progrès par rapport aux structures précédentes. Le design de la DBS pose les bases visuelles pour les futurs modèles, jusqu’à la V8 Vantage des années 1980.

Aston Martin Lagonda Série 2 (1976)

La Lagonda Série 2, dévoilée en 1976, est une berline de luxe à quatre portes qui incarne l’esthétique angulaire radicale de Towns. Elle mesure 5,28 mètres de long pour 1,83 mètre de large. Sa silhouette basse et élancée, marquée par un capot plat de grande longueur, tranche avec les berlines conventionnelles de son époque. Son coefficient de traînée est estimé à 0,39, performant pour un véhicule aussi imposant.

L’habitacle intègre un tableau de bord entièrement numérique, utilisant des affichages à LED et, dans certaines versions, un écran tactile capacitif. Ce niveau d’intégration électronique, rare à l’époque, soulignait l’approche prospective du design de Towns. Produite entre 1976 et 1989, cette génération sera construite à 645 unités, principalement pour des marchés recherchant des véhicules distinctifs, notamment le Golfe.

Aston Martin Bulldog (1979)

Le prototype Aston Martin Bulldog est un concept technologique développé pour démontrer le savoir-faire de la marque. Conçu en 1979, le Bulldog reprend les principes anguleux de Towns, avec une carrosserie en forme de coin extrême, large de 1,91 m et haute de seulement 1,09 m. Le châssis est tubulaire, issu de la compétition, et la carrosserie est en aluminium.

Il embarque un moteur V8 de 5,3 litres avec deux turbocompresseurs Garrett, produisant 608 ch (450 kW). Lors de tests, le prototype atteint 307 km/h, ce qui en faisait l’un des véhicules les plus rapides du moment. L’intérieur reste sobre, mais axé sur le conducteur, avec des commandes regroupées autour d’un siège de type baquet. Ce modèle restera unique, mais illustre la volonté de Towns de repousser les limites de la conception automobile.

Hustler (1978)

La Hustler est un projet personnel de Towns lancé via son studio Interstyl. Elle repose sur une architecture modulaire en fibre de verre ou aluminium, montée sur une base mécanique de Mini (essieux, moteur et transmission). Son design repose sur l’utilisation de panneaux plats et de vitrages rectangulaires coulissants.

Le concept permet une fabrication simple et économique, facilement réalisable en kit. Plusieurs variantes sont développées, dont une version six roues (Hustler 6), une version pick-up et une version électrique. Environ 500 unités sont produites. Le projet illustre l’intérêt de Towns pour l’automobile utilitaire et accessible, dans un contexte de crise énergétique et d’expérimentation industrielle.

Minissima (1972)

La Minissima est une microvoiture conçue pour les environnements urbains à forte densité. Longue de 2,4 mètres, elle peut accueillir quatre passagers grâce à une disposition de sièges latéraux. L’accès s’effectue par une porte arrière, facilitant l’embarquement depuis un trottoir. Le véhicule repose sur une mécanique de Mini, mais avec un empattement réduit.

Commandée à l’origine par le National Bus Company pour des personnes âgées ou à mobilité réduite, la Minissima présente une vision inclusive du design. Elle anticipe les contraintes du stationnement urbain et les problématiques d’accessibilité bien avant que celles-ci ne deviennent centrales dans les politiques publiques.

Microdot (1976)

Le Microdot est un concept-car très compact destiné à l’urbanisme de demain. Long de seulement 2,1 mètres, il propose une motorisation hybride combinant un moteur thermique de 400 cm³ à un générateur électrique de 3,5 kW, entraînant les roues arrière. L’originalité réside dans l’agencement des sièges : le conducteur est placé au centre, avec deux passagers derrière.

Son design minimaliste mise sur la réduction des composants et l’économie de masse, préfigurant certaines microvoitures électriques actuelles. Le Microdot reste à l’état de prototype, mais exprime la vision à long terme de Towns sur la mobilité urbaine efficace et compacte.

Chaque véhicule conçu par William Towns illustre un axe différent de son approche : luxe, technologie, accessibilité, ou réponse aux contraintes urbaines. Ce corpus diversifié témoigne d’un engagement constant à concevoir des solutions techniques adaptées à leur époque, tout en anticipant les évolutions structurelles du secteur automobile.

L’héritage de William Towns

L’influence de William Towns sur le design automobile se manifeste par son approche innovante et sa capacité à intégrer des technologies avancées dans ses créations. Ses designs angulaires et fonctionnels ont inspiré de nombreux designers contemporains. Des véhicules comme la Lagonda Série 2 ont ouvert la voie à l’intégration de l’électronique dans l’automobile. Aujourd’hui, ses créations sont reconnues pour leur originalité et leur contribution à l’évolution du design automobile.

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