Ferrari Daytona Spyder: l’une des Ferrari les plus rares au monde
Produite à seulement 122 exemplaires entre 1971 et 1973, la Ferrari Daytona Spyder est l’un des cabriolets les plus rares et les plus prisés de Maranello.
La Ferrari 365 GTS/4, surnommée Daytona Spyder, demeure l’un des cabriolets les plus exclusifs jamais conçus par la marque. Produite à seulement 122 exemplaires officiels entre 1971 et 1973, cette version décapotable dérivée de la 365 GTB/4 a été pensée principalement pour le marché nord‑américain, à la demande de Luigi Chinetti. Propulsée par un V12 Colombo de 4,4 litres, elle conserve les performances impressionnantes de la berlinetta tout en offrant l’expérience de conduite à ciel ouvert. Sa rareté, sa ligne spécifique et sa mécanique pure en font un objet convoité, affichant aujourd’hui des prix dépassant largement 2,5 millions d’euros sur le marché des enchères.
Une base mécanique partagée avec la GTB/4
Un V12 atmosphérique issu de l’héritage compétition
La Ferrari 365 GTS/4 Spyder repose sur les mêmes fondements que la GTB/4 coupé. Elle est motorisée par un bloc V12 à 60° de 4 390 cm³, de type Colombo, avec quatre arbres à cames en tête et une alimentation par six carburateurs Weber 40 DCN 20. Ce moteur développe une puissance de 352 chevaux (259 kW) à 7 500 tours/minute et un couple maximal de 431 Nm à 5 500 tours/minute. La boîte de vitesses manuelle est montée à l’arrière (transaxle), pour une meilleure répartition des masses, avec cinq rapports synchronisés.
La performance reste l’un des points forts du modèle : le 0 à 100 km/h est abattu en 5,4 secondes, avec une vitesse de pointe de 280 km/h, ce qui plaçait la Daytona parmi les voitures de série les plus rapides de son époque. Le freinage est confié à quatre disques ventilés, et le châssis tubulaire à empattement long (2 400 mm) repose sur des suspensions indépendantes aux quatre roues.

Une ligne ajustée à la version décapotable
Si la base technique reste similaire à celle du coupé, la version Spyder nécessite une structure renforcée pour compenser la perte de rigidité due à la suppression du toit. Le design est signé Pininfarina, mais la fabrication des carrosseries était confiée à Scaglietti. Les dimensions générales sont conservées : 4 425 mm de long, 1 760 mm de large, 1 240 mm de haut, pour un poids à vide d’environ 1 280 kg. À noter que certains éléments sont réalisés en aluminium, notamment le capot et les portes, afin de contenir le poids malgré les renforts structurels.
Les exemplaires produits à partir de 1971 sont équipés de phares escamotables, en réponse aux exigences de sécurité américaines, remplaçant le bandeau plexiglas qui recouvrait initialement les optiques du coupé.
Une production ultra‑limitée et strictement documentée
Un projet centré sur le marché nord‑américain
La Daytona Spyder ne fut jamais une priorité pour Ferrari. Ce projet a vu le jour sous l’impulsion du concessionnaire américain Luigi Chinetti, qui convainc la direction de Maranello de l’intérêt d’une version cabriolet de la GTB/4, très populaire sur la côte ouest des États‑Unis. La production de la Spyder débute en 1971, soit près de trois ans après le lancement du coupé.
Au total, 122 unités sont fabriquées entre 1971 et 1973, dont 96 à conduite à gauche pour les États‑Unis, 25 à conduite à gauche pour d’autres marchés, et 1 seule à conduite à droite pour le Royaume‑Uni. Tous les exemplaires sont numérotés et référencés par Ferrari, avec une correspondance stricte châssis/moteur. Les documents d’origine et les certificats Ferrari Classiche sont essentiels pour établir la provenance et l’authenticité.
De nombreuses répliques, mais peu de vraies Spyder
La rareté de la 365 GTS/4 a suscité un grand nombre de conversions réalisées dans les années 1980 et 1990, souvent à partir de berlinettas. Ces transformations, parfois de qualité variable, sont aujourd’hui identifiables, et ne bénéficient pas de la même valeur sur le marché. Seules les 122 voitures construites en configuration cabriolet d’origine bénéficient d’une cote élevée.
Certains exemplaires d’époque sont aujourd’hui conservés dans des collections privées et rarement mis en vente. La présence de modèles certifiés à Pebble Beach, Villa d’Este ou Rétromobile continue de renforcer l’aura exclusive de la Spyder originale.
Une valeur de marché dictée par l’exclusivité et l’état
Des enchères à plus de 3 millions d’euros
La Ferrari Daytona Spyder figure parmi les Ferrari classiques les plus chères du marché. En fonction de la configuration, de la couleur d’origine, de l’historique de propriété et de l’état mécanique, un exemplaire peut se vendre entre 2,5 et 3,5 millions d’euros. Certains modèles entièrement restaurés par Ferrari Classiche, avec historique limpide et couleurs rares, atteignent ou dépassent ces niveaux. À titre d’exemple, une Spyder rouge avec sellerie beige et moins de 50 000 km certifiés s’est échangée en 2023 pour 3,1 millions d’euros.
L’authenticité au cœur des critères d’achat
Contrairement à certaines voitures dont la valeur dépend de leur état visuel, la Daytona Spyder est soumise à un strict contrôle de provenance. L’absence de modifications non réversibles, le respect des spécifications d’origine, la présence du carnet d’entretien, des factures, et surtout du matching numbers, sont des prérequis indispensables. Le programme Ferrari Classiche, créé en 2006, joue un rôle essentiel pour les collectionneurs et garantit l’origine de chaque pièce.
L’entretien reste coûteux mais maîtrisable. Un moteur V12 nécessite une révision complète tous les 30 000 à 40 000 km, avec un budget oscillant entre 15 000 et 30 000 euros, selon les travaux.

Un symbole d’une époque et un produit d’exception mécanique
Une voiture d’ingénierie brute, sans assistance
La conduite de la 365 GTS/4 nécessite un engagement du pilote. Elle n’a ni direction assistée, ni contrôle de traction, ni assistance de freinage moderne. Son embrayage est ferme, sa direction exigeante à basse vitesse, mais sa stabilité à haute vitesse et l’allonge du V12 en font une voiture expressive, directe, réservée aux conducteurs expérimentés.
Elle symbolise la fin d’une époque pour Ferrari : celle des grandes GT à moteur avant, à boîte manuelle, non catalysées et pensées pour une clientèle encore sensible à la mécanique pure. La production limitée à 122 exemplaires n’était pas un argument marketing, mais une contrainte industrielle liée à la demande ciblée.
Une perception qui reste intacte 50 ans plus tard
Aujourd’hui, la Daytona Spyder conserve un statut à part. Elle combine ligne classique, mécanique noble, rareté avérée et fil conducteur historique direct avec les modèles de course et les Ferrari V12 de grand tourisme. Elle n’a jamais été éclipsée par ses successeuses, ni en coupé ni en cabriolet. Même la 550 Barchetta ou la 812 GTS, bien plus puissantes, n’atteignent pas la dimension patrimoniale de cette icône.
À l’heure où Ferrari se dirige vers une électrification progressive, la 365 GTS/4 reste un repère. Pas pour ce qu’elle promet, mais pour ce qu’elle incarne.
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